La tortue à soc, connu par son nom vernaculaire « Angononoky », est une espèce hautement endémique, très rare, et menacée d'extinction. Sa commercialisation est interdite selon la convention du CITES (Commerce International des Espèces de faune et flore sauvages menacées d'extinction) que Madagascar a ratifié.
Pourtant, cet animal fait l'objet de trafics illicites internationaux impliquant des réseaux de collecte et de vente frauduleuse. Un « Angononoky » vaut ainsi 10 000 euros au client final, s'il s'acquiert à 1 000 euros au niveau des intermédiaires, a révélé l'ONESF (Observatoire National de l'Environnement et du Secteur Forestier) dans son bulletin d'information intitulé « Zaha ».
Des « Vazaha » impliqués
Cette entité dénonce également que des « Vazaha » sont impliqués dans l'organisation de ces trafics de tortues endémiques du pays. Il s'agit notamment des Espagnols, des Français, des Allemands, des Africains, des Indiens et des Arabes. Des délits ont déjà été perpétrés dans le parc national de la Baie de Baly en 2006. Ces étrangers alimentent des marchés de demandeurs potentiels en fournissant aux braconniers les matériels et l'argent nécessaires pour effectuer les collectes.
Ils sont par ouï-dire, mandatés par des zoos, des scientifiques des Centres de recherche et des Musées entre autres. Des flux importants se retrouvent de ce fait dans des pays comme l'Europe, le Japon, les îles de l'Océan Indien surtout Mayotte, Maurice et Seychelles ainsi que Singapour, la Thaïlande, la Malaisie et l'Afrique du Sud. Par ailleurs, des autorités et élus locaux sont parmi les complices entravant les missions de la police judiciaire, selon les investigations de l'ONESF.
Une plaque tournante
Notons que la Thaïlande, plus précisément, le marché de Chatuchak est une plaque tournante pour le commerce international illicite des tortues terrestres et d'eau douce. Celles-ci sont introduites clandestinement dans ce pays pour être ensuite réexportées ailleurs. Il faut rappeler que 269 tortues radiées en provenance de Madagascar y ont été découvertes tandis que trois tortues à soc ont été saisies le mois dernier par la police royale thaïlandaise.
Les spécialistes de la contrebande utilisent la rareté et le fait que des spécimens soient en voie d'extinction comme marketing de vente. « Nous exhortons les gouvernements et les organismes chargés de l'application des lois et réglementations à utiliser les informations contenues dans la Liste rouge de l'UICN sur les espèces menacées pour arrêter cette activité nuisible avant qu'il ne soit trop tard. », a déclaré le Dr Jane Smart, Chef du Programme de l'UICN sur les Espèces.
Abattre et transporter des tortues sont interdits à Madagascar. Pourtant, la population locale les consomme pour une raison de survie ou de festivité ou encore d'approvisionnement des restaurants, a-t-on conclu.