Seule tortue terrestre française, la tortue d'Hermann est fortement menacée par le morcellement de son territoire, l'urbanisation et les incendies de forêt. Elle ne survit plus que dans les Maures et en Corse.
Depuis 2004, Noé et la Fondation Nicolas Hulot s’emploient, avec le soutien du Groupe Autoroutes du Sud de la France (ASF-ESCOTA), à renforcer les actions réalisées en faveur de la Tortue d’Hermann par le Conservatoire des Études des Écosystèmes de Provence (CEEP) et la Station d’Observation et de Protection des Tortues et de leurs Milieux (SOPTOM).
La tortue d'Hermann (Eurotestudo hermanni) peut mesurer jusqu’à 18 cm et vivre plus de 100 ans. Tôt le matin, elle quitte son gîte pour manger des feuilles, des fleurs, des fruits ou même parfois des escargots, un régime alimentaire plutôt varié ! À midi, le soleil étant haut, elle se met à l’abri. Dotée d'un excellent sens de l'orientation, elle se repère parfaitement dans son milieu. La tortue d'Hermann entre en hibernation dès les premiers froids : son rythme cardiaque et sa respiration s’abaissent alors notablement jusqu'au retour du printemps. La femelle pond 2 à 4 œufs au mois de juin qui donneront 3 mois plus tard naissance à de petites tortues, s’ils ne sont pas gobés par les sangliers ou les fouines.
Des menaces multiples
Les incendies d'origine criminelle du massif des Maures ont tué 2000 tortues d'Hermann pendant l'été 2003.
La tortue d'Hermann est actuellement un des reptiles les plus menacés à l'échelle européenne. En France, l'espèce a disparu du massif des Albères dans les Pyrénées-Orientales vers les années 1970. Seules de petites populations subsistent dans le Var et en Corse. Les mesures mises en œuvre depuis vingt ans pour la préserver n'ont pas permis d'enrayer un processus de déclin dû à de multiples causes : incendies de forêts, collecte illicite d'individus, abandon des pratiques traditionnelles d’agriculture et d’élevage, urbanisation… Si rien n'est entrepris dans les années qui viennent, l'on peut craindre la disparition de la dernière population continentale et le déclin rapide des populations présentes en Corse. Les populations varoises a été particulièrement touchées par les grands incendies de l’été 2003 qui ont détruit plus de 20 000 hectares dans les massifs des Maures et de l’Esterel. Depuis quelques décennies, les feux de plus en plus fréquents ne laissent plus le temps aux milieux naturels de se régénérer. Ils deviennent moins hospitaliers pour les tortues. À chaque nouveau feu, l’espèce se rend tristement célèbre : emblème de la plaine des Maures, sa survie est remise en cause par chaque incendie.
Une espèce protégée, oui, mais insuffisamment…
La tortue d’Hermann est protégée à de multiples niveaux : elle est sur la liste des espèces protégées de France, fait partie des espèces prioritaires européennes, et de plusieurs conventions internationales, comme la CITES. Cette protection réglementaire reste insuffisante : les moyens de surveillance et d’intervention sont trop faibles, et les habitats de la tortue d’Hermann, sans lesquels elle ne peut survivre, ne bénéficient pas d’une réelle protection. La mise en place d’actions de terrain, répondant aux différents problèmes auxquels est confrontée la tortue d’Hermann, demeure la seule possibilité de la sauvegarder sur le long terme.
Action !
Pour cette raison, Noé Conservation et la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme se sont associées pour soutenir les actions visant à stopper le déclin de l’espèce et engager activement la reconquête de l’aire originellement occupée : c’est « l’Opération Tortue d’Hermann », mise en œuvre dans le cadre d’une réflexion nationale de protection de l’espèce. Ce programme reçoit, depuis 2004, le soutien du Groupe Autoroutes du Sud de la France.
Compte tenu de la petite taille des populations restantes de tortues, les actions à mener ont un caractère d'extrême urgence. Noé Conservation et ses partenaires développent des actions visant à protéger et mieux gérer les habitats de la tortue d’Hermann, en concertation avec les habitants, les communes, les agriculteurs, les gestionnaires de forêt… D’autres actions ont pour but de mieux connaître les populations de tortues et d’intervenir directement pour leur protection quand cela est nécessaire. Enfin, il est important de sensibiliser aussi bien les habitants que les nombreux vacanciers à la préservation de cette espèce emblématique.
Ce programme renforce également les actions menées par le Conservatoire des Études des Écosystèmes de Provence (CEEP) et la Station d’Observation et de Protection des Tortues et de leurs Milieux (SOPTOM – Village des Tortues).
